Béatrice DERVAL
Béatrice Derval, Artiste peintre et dessinatrice textile,
En 1975, après une formation à l’École nationale d’Arts Décoratifs de Nice, je pars vivre deux ans sur la côte ligure et en Toscane, où je découvre la ville de Florence et ses musées.
De 1984 à 1986, je suis des études au Centre Fontblanche (atelier pluridisciplinaire d’expression plastique) de Vitrolles, dirigé par Jacqueline Jouve. Les portes des métiers d’art s’ouvrent alors à moi : bois, textile, métal, bijoux et terre. Tout en acquérant une solide formation en dessin, architecture, graphisme et couleur, je fais le choix du textile et m’engage dans la dynamique d’un apprentissage de haut niveau. Je m’initie au tissage sur différents métiers de haute et basse lice ainsi qu’à la fabrication du papier. C’est à cette occasion que je découvre les bains de teintures avec réserves «ikat ».
En 1985, lors d’un séjour à Lyon, j’entre en contact avec le milieu de la danse et je me spécialise dans les costumes de danse peints à la main ou à l’aérographe.
La visite au Musée des tissus, lors d’une exposition du peintre vénitien d’origine espagnole Mariano Fortuny (1871-1949), sera déterminante : les velours de soie peinte, le fameux plissé Fortuny, les techniques savantes mises en application avec son épouse Henriette, m’amènent à prendre une décision : « je serai peintre sur tissu ».
En 1989, je participe à la création, à Gordes, d’une galerie atelier associative, Point de Vue, qui exposera durant une quinzaine d’années de nombreux artistes et artisans d’art. Depuis mes 20 ans, je suis fascinée par la culture japonaise, réceptive à son éloge particulier de la lenteur et de la méditation, une philosophie de vie qui requiert à notre époque une certaine obstination. C’est ainsi que je peins des tentures murales et des kimonos, pièces uniques sur coton, soie et lin. La structure simple et intemporelle du kimono me permet un vrai travail d’investigation sur les dessins textiles, les couleurs et leur fabrication.
En 2000, je découvre la couleur végétale auprès de Michel Garcia qui, en quelques années, va révolutionner le monde assoupi des teintures végétales qu’il fédérera sur un plan international en créant à Lauris, petit village du Lubéron, l’association Couleur Garance et le Jardin conservatoire des plantes tinctoriales. Après plusieurs cycles de formation auprès de Michel Garcia, qui a monté l’entreprise Plantes et couleurs, ainsi qu’avec Isabelle Girodet, teinturière et fondatrice de l’association Filensoie, je m’oriente, grâce à cette dernière, vers l’approfondissement de la technique japonaise de teinture Shibori. Ce procédé, inventé en 1880, sous l’ère Meiji, permet par le biais de manipulations diverses de créer des motifs en empêchant la couleur de pénétrer au cœur du tissu.
Durant une quinzaine d’années, j’ai enseigné la « cuisine » des plantes afin de transmettre aux nouvelles générations les savoir-faire tinctoriaux en constante évolution, les tours de main des artisans dans l’intimité de leurs ateliers.
En 2014, je crée un atelier à La Mure-Argens, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Ce paysage saisissant de moyenne montagne, traversé par le Verdon que j’entends couler depuis la fenêtre de mon atelier, représente une source inépuisable d’inspiration.